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Affichage des articles du juillet, 2014

5 - "L'éveil de l'ondine"

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Londres, décembre 1891 Cher journal, Nous voici déjà à Noël. Les rues se couvrent de blanc et le froid règne à nouveau en maitre. Heureusement, grâce à Sir Malcolm, nos conditions de travail se sont grandement améliorées. Nous avons quitté notre vieil entrepôt insalubre pour un grand bâtiment en bon état. Il ne fait toujours pas chaud mais il n'y a plus de courants d'air glacés ou de l'eau qui fuit du plafond. Je n'en revenais pas quand j'ai découvert nos nouveaux locaux et appris qui les avait financés. C'est presque impossible de concilier cet acte de gentillesse avec les rumeurs de bestialité qui courent sur sur lui! Les gens disent maintenant qu'il fait venir chez lui des femmes de petite vertu pour les brutaliser. En plus des meurtres qui se produisent toujours régulièrement. Dans le quartier, les gens sont intimement persuadés que c'est Sir Malcolm qui en est responsable. Jack me répète souvent que je suis bête de prêt

4 - "L'ondine endormie" (seconde partie)

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Londres, septembre 1891 Cher journal,  Voilà maintenant 3 mois que Jack travaille avec nous. Ses photographies ont beaucoup de succès. La série de clichés sur l'ondine nous a ramené beaucoup de nouveaux clients. Après des jours passés à travailler ensemble, je me sens à l'aise avec lui. C'est de plus en plus facile pour moi de me remettre à son jugement. Je lui fais confiance.  Les autres filles sont jalouses de cette relation privilégiée mais je m'en fiche. Enfin c'est ce dont je voudrais me persuader... Jack me répète que je ne dois penser qu'à notre travail, sans me préoccuper des autres. Il m'a un jour dit, très en colère, que l'inquiétude me rendait laide! Alors j'essaie de faire comme si de rien n'était. Mais je sais que si les autres sont moins photographiées, elles gagneront moins d'argent et je trouve cela injuste pour elles. Surtout quand je constate que j'arrive enfin à mettre quelques pennies de côté ch

3 - "L'ondine endormie" (première partie)

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Londres, juillet 1891 Cher journal,  Si seulement je pouvais, moi aussi, prendre des photos! Que ne donnerais-je pour immortaliser le visage de Jack, le nouveau photographe... J'en rêve depuis des semaines, depuis qu'il est arrivé. Il est si beau, si gentil! Et il a des idées complètements nouvelles pour les mises en scène. C'est une vraie bouffée d'air frais dans la chaleur humide de ce mois de juillet. Alors que je ne pensais plus à cet effrayant milliardaire, des caisses sont à nouveau arrivées. Au départ, je n'avais pas compris qu'elles venaient de lui. Mais Jack m'a expliqué que Sir Malcolm, c'est son nom, avait décidé de financer notre petit commerce de photos. Cette pensée m'inquiétait un peu. Je ne voulais pas que cet... homme... aie, en quelque sorte, mon avenir entre les mains. Mais Jack m'a vite changé les idées. Il avait décidé de faire des photos sur le thème marin et c'est moi qu'il ava

2 - "Je ne sais pas où je vais... mais j'y vais!"

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Londres, Mars 1891 Cher journal, Les choses ne se sont pas vraiment améliorées pour moi ces derniers temps: les photos paient toujours aussi peu et les conditions sont toujours déplorables. Mais, me croiras-tu, j'ai enfin posé habillée! Je vais commencer par le commencement, c'est peut-être plus logique ainsi. Et puis cette journée a été tellement étrange que je voudrais m'en souvenir dans les moindres détails.   Aujourd'hui, un homme est arrivé en grand équipage. Il avait un beau costume, une voiture élégante, un valet... On voyait tout de suite qu'il était extrêmement riche. Ce qui m'a marquée c'est qu'il y avait quelque chose en lui... quelque chose de bestial, d'effrayant. Les autres filles n'ont pas semblé le remarquer: elles étaient trop occupées à essayer d'attirer son attention! Mais pas moi: il me faisait froid dans le dos. Après s'être entretenu avec les photographes (puisqu&#

1 - "It's just work"

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Londres, hiver 1890 Cher journal, J'ai enfin trouvé un travail... enfin, si on peut appeler ça travailler. Ce n'est pas éprouvant physiquement mais moralement, j'en ressort épuisée. Quand je rentre, je me plonge dans un bain dont je peine à sortir. C'est que je me sens si salie!    Depuis l'arrivée de la photographie, les filles comme moi sont embauchées comme modèles. Il ne faut pauser aucune question, ne faire aucun commentaire. Il faut se mettre où on nous le dit, quand on nous le dit. Celles qui ne réagissent pas assez vite sont mises à la porte sans un penny. Mais il fait si froid! Tout le monde meurt de faim. Alors, pour avoir de quoi s'acheter un morceau de pain rassi, il faut oublier, le temps d'une séance, que l'on est un être vivant. Moi je me dis que je suis une poupée. Comme celles qu'on voit parfois dans les vitrines des magasins: ces belles poupées aux robes si soignées. Des robes que je