Le temps d'une histoire

J'ai demandé à Aëlyse de venir me rejoindre dans ma chambre, prétextant de vouloir lui montrer l'avancement de mon nouveau roman. Elle avait à peine eu le temps de franchir le seuil de la porte que je l'avais tirée jusqu'au lit où je me suis laissée tomber à ses côtés. "Il faut que je te parle!" ces quelques mots, sortis dans un souffle, m'ont donné l'impression de me tenir au bord du vide. Mais je ne veux plus reculer: ma décision est prise, je dois tout lui révéler. "C'est à propos du jour où nous sommes arrivées ici, ensemble...". Aëlyse ne dit rien mais je sens qu'elle m'observe pendant que je fixe la couverture d'un livre abandonné sur mon lit."Lorsque nous sommes arrivée... j'ai senti la présence d'Allister dans ma tête. C'était comme si elle me remplissait entièrement, me submergeant de pensées étrangères aux miennes. Je ne parvenais plus à me concentrer, à démêler mes pensées des siennes, à ret

Il y avait déjà plus d'un mois que j'avais repris connaissance, surprise de me trouver dans mon lit, Aëlyse à mes côtés. La dernière chose dont je me souvenais, c'était d'être arrivée avec elle chez moi. Puis ça avait été le noir complet. Aëlyse m'avait expliqué que j'étais restée inconsciente plus d'une semaine et qu'ils s'étaient relayés, Allister et elle, pour veiller sur moi. Penser à lui me laissait encore une sensation désagréable. Lorsque j'avais été le rejoindre dans le salon, il avait à peine posé les yeux sur moi avant de déclarer qu'il devait s'absenter. Les jours qui ont suivi, il a conservé le même comportement distant avec moi. Il ne m'avait parlé que pour me demander si j'avais une explication à la dépense excessive d'énergie qui avait été nécessaire à notre retour.   Comment aurais-je pu lui répondre? Je n'ose même pas en parler avec Aëlyse. Elle et moi avons pourtant noué un lien très fort: en n

La rage et le désespoir emplissaient Allister: comment avait-il pu laisser son soulagement prendre le pas sur sa logique? Il aurait d'abord dû s'assurer que les deux sœurs étaient rentrées en bonne santé avant de se laisser aller à des états d'âmes si bêtement humains! Quand il avait vu Aëlyse, il avait songé que tout était rentré dans l'ordre... Pourquoi, mais pourquoi ne s'était-il pas soucié plus tôt de l'état d'Elybiss! Il la pris doucement dans ses bras et la déposa sur le divan-lit: "Sa respiration est très faible!" "Elle est gelée! Il faut trouver quelque chose pour la couvrir" dit-il en se tournant vers Aëlyse. Celle-ci, impuissante, lui tendit son châle, la seule chose qu'elle avait emportée avec elle. "Ce ne sera pas assez! Je vais la soulever pendant que tu retires la couverture puis nous l'installerons. Il faut qu'elle se repose au maximum pour récupérer." Aëlyse s'approcha de sa sœur,

Quelques jours plus tard, Elybiss avait repris des forces. Elle avait fait la connaissance de Sir Malcolm et avait enfin pu le remercier d'avoir pris soin de sa sœur. Elle se sentait en sécurité dans la vaste demeure mais elle avait hâte de trouver un moyen de rejoindre Allister. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à l'inquiétude qu'il devait ressentir. Elle avait parlé à sa sœur le principe de l'ancrage, lui expliquant qu'il était nécessaire qu'elle partage des liens forts avec une personne dans l'époque qu'elle souhaitait rejoindre. Comme elle avait perdu ses parents et qu'elle n'avait pas d'amis, elle ne savait pas vers qui se concentrer. Aëlyse l'avait regardée en souriant:"Allister! Après tout ce temps passé ensemble, tu ne penses pas que vous avez développé des liens assez forts pour qu'il puisse te servir d'ancrage?"  Cela semblait si évident...Le jeune homme devait avoir ses pensées tournées