Quite not like us - épisode 2 : Simon

Je referme doucement la porte derrière moi avant de me laisser aller contre le battant avec un soupir. Quelle honte ! J'aurais dû être plus attentif quand j'ai reçu sa candidature pour l'appartement ! Non mais vraiment, comment ai-je pu louper l'info que "Jude Crowley" était une femme? Elle a dû se rendre compte que j'avais fait l'erreur et me prendre pour un abruti. Je me mettrais des baffes. Bon, faut que je me bouge : il ne manquerait plus qu'elle me trouve planté devant sa porte. 

Est-ce Saja est chez lui ? Où il serait déjà chez Dambi ? Je reviens vers les escaliers et gratte discrètement à la porte. Il ne faut que quelques instants à Saja pour venir m'ouvrir : "Simon? Quelle tête! Un problème?" Je me déchausse sans lui répondre avant de me laisser tomber de tout mon long dans son canapé avant de marmonner, la tête dans les coussins "Je ne me montrerai plus jamais! Je reste là!" N'obtenant pas de réaction de sa part, j'extirpe mon visage de sa confortable protection pour constater qu'il n'est plus là. 

Je me relève sur les genoux pour l'observer tandis qu'il s'affaire en cuisine : "Non mais vraiment tu crains comme meilleur ami. Je vis  l'enfer et toi tu ne penses qu'à manger. C'est beau la solidarité." Il utilise ses longs cheveux pour tenter de masquer son sourire. "Franchement Saja ! Où est ta compassion?" Je vais le rejoindre dans la cuisine et je me laisse tomber sur une chaise, espérant vaguement le voir s'intéresser à mon problème, mais il continue à cuisiner. Au bout de dix minutes, il me lance un "alors?" tout en continuant ce qu'il fait. 

 

Je sais que je n'aurai pas mieux alors je lance: "Tu sais ton nouveau voisin qui devait arriver aujourd'hui?" Regard en coin pour m'inciter à poursuivre. "Hé bien c'est en fait une voisine. Non mais quels parents vont appeler leur gamine "Jude"? Sérieusement? C'est un nom de mec ça! Et bien sur elle a remarqué que je m'attendais à voir un homme. La honte la plus totale." Il ne me fait toujours pas face mais je vois ses épaules agitées de soubresauts: il se fout de moi! Ce gars à autant de compassion que... Je sais pas mais un truc sans compassion.

 

Quand il parvient enfin à maitriser son fou-rire, il vient s'asseoir en face de moi : "Il me semblait t'avoir vu lire son dossier, ce n'était pas demandé?" Il éclate d'un rire franc quand il me voit baisser les yeux : "Tu as encore fait les choses à moitié! Est-ce que tu sais au moins si elle est... des nôtres?" Je secoue la tête : "Elle est comme moi. Une journaliste qui plus est, il faudra faire gaffe quand elle est là. Mais c'était la seule candidate sérieuse. Avec les rumeurs qui circulent, les gens du coins préfèreraient dormir à la rue plutôt que de loger ici, tu le sais comme moi."

 

Nous restons un moment silencieux, chacun évaluant de son côté les risques encourus. Saja est le premier à se bouger. Il se lève et commence à mettre la nourriture fraichement préparée dans des boites en plastique. Je le rejoins et commence à l'aider. "Saja? Je suis désolé. Le formulaire demandait les revenus, pas le métier. Je ne l'ai appris qu'aujourd'hui. Si elle cause le moindre soucis, nous nous en occuperons. Vous n'avez pas à vous inquiéter." Il pose sa main sur mon épaule et me sourit : "Je le sais mon ami." 




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