Le loup et le chat - 8. La croisée des chemins

Quelques jours plus tard, Alana est dans la petite pièce où elle a rassemblé son nécessaire d'herboriste. Assise à table, elle tente de voir clair dans le tourbillon de sentiments qui l'agite. Quand elle s'est réveillée chez Danaël, elle n'avait qu'une hâte: retourner auprès des siens. Elle voulait confronter Eochaid et Ternoc, reprendre la place qui lui revenait mais... Elle n'est plus aussi sûre de vouloir traquer les "créatures". Les mois passés aux côtés de Danaël l'ont amenée à remettre en question tout ce qu'on avait pu lui enseigner sur le sujet. Et puis...

Et puis... Elle doit bien reconnaitre qu'une autre raison, plus importante encore, la pousse à rester. Les premiers jours, elle était restée sur ses gardes et s'était méfiée de chaque gentillesse de Danaël. Mais, les jours passant, elle avait appris à l'apprécier et, surtout, à l'aimer. Et c'est bien là le fond du problème: l'amour qu'elle sent croitre pour Danaël l'incite à rester près de lui. Que faire? Il a accepté de l'héberger pour l'hiver puis de la laisser rester un peu plus longtemps... Mais elle ne veut pas s'imposer à lui. Pourtant, partir maintenant serait un véritable déchirement.

"Alana?Tout va bien? Tu as l'air préoccupée." Plongée dans ses pensées, elle ne l'a pas entendu. Elle garde le silence tandis qu'il prend place en face d'elle. Après tout, que pourrait-elle dire? Elle se voit mal lui dire, de but en blanc:"je veux qu'il y ait plus que de l'amitié entre nous". Certes il se montre prévenant et attentif, mais cela fait clairement partie de sa nature. Danaël l'observe, sans un mot, attendant qu'elle prenne la parole. Elle fuit son regard, se sachant incapable de cacher son trouble. Finalement, c'est Danaël qui brise le silence: "Te voir ainsi, ça me fait penser à la vie que tu devais mener dans ta roulotte."

Alana sent son cœur se serrer: pourquoi faut-qu'il lui parle de son passé maintenant? Elle tente de ravaler ses larmes et se racle la gorge à plusieurs reprises pour tenter de poser sa voix calmement. Heureusement, Danaël enchaîne: "Tu pourrais me lire les lignes de la main? Je sais que ça fait cliché mais j'ai toujours voulu essayer..." Il lui tend la main. Cette main qu'elle trouvait si effrayante il y a encore quelques mois mais qu'elle voudrait pouvoir garder dans les siennes pour toujours. Comme elle ne répond pas, Danaël s'avance un peu plus: "Tu veux bien?" Ne faisant pas confiance à sa voix, elle se contente de hocher la tête.

Commentaires