Le loup et le chat - 3. Coups de griffes

Après le départ de Mereen, Danaël avait veillé l'inconnue pendant deux semaines, lui faisant avaler de petites quantités de bouillon et de thé afin de l'aider à reconstituer ses forces. Depuis quelques jours, il a constaté avec satisfaction qu'elle reprend des couleurs. Posté près de la fenêtre, il laisse son regard errer sur la lande enneigée tandis que ses pensées s'entrechoquent: que se passera-t-il lorsqu'elle aura repris connaissance? Lui sera-t-elle reconnaissante ou essaiera-t-elle de le tuer?  Pourquoi a-t-elle été agressée par des membres de son clan?

Il laisse échapper un profond soupir et son souffle forme un petit nuage de vapeur sur le carreau glacé. Tant qu'elle restera inconsciente, toutes ces questions ne trouveront pas de réponses... En supposant qu'elle accepte de lui parler. Dans son dos, la nomade s'agite dans son sommeil. Elle finit par pousser un petit cri qui incite Danaël à se retourner avant de se figer aussitôt: l'inconnue s'est redressée et le fixe avec un regard inquiet. 

"Qui? Que? Où suis-je?" si sa voix ne tremble pas, sa poitrine qui monte et descend rapidement trahit la frayeur qui l'habite. Sans quitter Danaël des yeux, elle avance sa main vers sa ceinture où se trouvait le fourreau de son petit poignard. Le loup-garou lève les mains en signe d'apaisement mais les rabaisse dès qu'il voit ses yeux s'agrandir de terreur: "Vous n'avez rien à craindre." Murée dans un silence glacial, la jeune femme se recule encore un peu plus.Doucement, il avance d'un pas: "Vous êtes ici en sécurité. Je m'appelle Danaël..." 

Sans prévenir, la jeune femme bondit sur lui et lui assène un violent coup sur la tempe.Danaël recule d'un pas sous l'impact mais son instinct réagit plus vite que lui: il l'attrape par les avant bras puis la fait pivoter et la plaque, de dos, contre lui. Son pouls s'est accéléré, le sang rugit dans ses tempes. La jeune femme se débat, rue et tente, en vain, de le frapper. Danaël sent ses instincts de loup se réveiller: il a passé tant de temps à combattre! Mais tout ça remonte à sa jeunesse: il a tourné la page lorsqu'il a pris la route. Il sait qu'il est capable de se maitriser mais il faudrait qu'elle cesse de gesticuler...

"Surtout, ne bougez plus": il parle à voix basse, mâchoires serrées. "Je ne vous veux aucun mal. Je vous ai trouvée dans la forêt: vous étiez dans un sale état. Je vous ai ramenée chez moi pour vous soigner. Si j'avais voulu vous faire du mal, je ne me serais pas embêté à vous protéger." Ils restent sans bouger de longues minutes. Progressivement, Danaël relâche son étreinte. Entre ses bras, la jeune femme finit par se relâcher, elle aussi. "Pourriez-vous me lâcher... S'il vous plait..." Sa voix est hésitante. Danaël pousse un profond soupir:"Allez-vous encore essayer de me frapper?"

Elle secoue la tête et ses longs cheveux viennent chatouiller les avant-bras de Danaël. Elle hausse les épaules avant de lui répondre: "Je me rend bien compte que je ne suis pas de taille face à vous, surtout désarmée. Alors relâchez-moi maintenant". Lorsque de Danaël la lâche tout à fait, la jeune femme perd l'équilibre. Il la rattrape par le coude et l'aide à avancer: "venez vous asseoir à table. Je vais vous servir à manger et nous pourrons discuter."

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