Le loup et le chat - 1. La rencontre

Cela faisait maintenant près de deux semaines que Danaël évitait de sortir durant la journée. Le clan du Cat Sidhe s'était installé à quelques kilomètres de son cottage et il ne souhaitait pas faire de mauvaises rencontres. Il avait effectué quelques recherches et découvert que leur nom était issu du folklore d'Irlande où ce grand chat noir fantomatique était supposé errer. Si le nom lui avait d'abord semblé prêter à sourire, il avait rapidement déchanté en apprenant qu'il s'agissait en fait de redoutables nomades, entrainés dès leur plus jeune âge à la chasse aux créatures fantastiques. 

Contemplant ses pattes griffues, Danaël se répète une fois encore qu'il ferait mieux de rester chez lui. Mais il commence à manquer de provisions et de bois pour le feu: hors de question de repousser encore sa sortie. Mentalement, il repasse une dernière fois en revue son itinéraire avant d'ouvrir la porte et de s'aventurer prudemment dehors. Ses frères seraient certainement honteux de le voir agir de la sorte mais il se sait rouillé au combat, après tant d'années passées paisiblement à se plonger dans l'étude d'ouvrages anciens. 

La lune, déjà haute dans le ciel, joue en sa défaveur: si ses yeux de loup percent aisément l'obscurité, cette lueur permettrait à des chasseurs de le repérer plus aisément. Il avance doucement, les oreilles aux aguets. Il essaie de marcher le plus possible sur la mousse, afin d'amortir le bruit de ses pas. De temps à autres, il se retourne pour effacer les traces laissées dans la terre meuble par ses grandes pattes. Il a presque collecté tout ce dont il a besoin: le poids de son sac en est la preuve. Encore un peu de bois et il pourra rentrer. Il commence à se détendre doucement quand il entend des éclats de voix un peu plus loin. 

Sans réfléchir d'avantage, il laisse tomber son chargement et se tapit dans les broussailles. Un nouveau cri retenti soudain, poussé par une voix féminine cette fois. Il essaie d'apaiser les battements de son cœur et de capter d'éventuelles odeurs étrangères  lorsqu'il entend des voix masculines qui se rapprochent de lui. Il se dissimule un peu plus lorsque deux hommes passent en courant sans le remarquer. L'éclat de la lune se reflète sur leurs épées. Danaël constate que celle du plus grand est couverte d'un liquide poisseux et son odorat lui confirme rapidement qu'il s'agit de sang.

Courbé dans les buissons, il essaie de comprendre les évènements dont il a plus ou moins été témoin. La tenue des deux hommes indiquait clairement qu'il s'agissait de nomades. Aucune femme de la région ne se serait aventurée dehors durant la nuit: il ne peut s'agir que d'une nomade également. Mais d'où venait le sang? S'en seraient-ils pris à elle? Sans plus réfléchir d'avantage, Danaël se décide à quitter sa cachette et s'engage résolument sur le chemin d'où venaient les hommes, tandis que sa prudence lui hurle de retourner chez lui. 

Se fiant à son flair, il avance rapidement, décidé à en avoir le cœur net. Concentré sur la piste, ses réflexes lui reviennent naturellement Il arrive bientôt dans un espace plus dégagé où des branches cassées indiquent qu'une lutte a eu lieu. Les yeux fermés, il se force à ignorer l'odeur acre de la transpiration des deux hommes pour se concentrer sur une fragrance plus fleurie. Il rouvre les yeux pour suivre cette nouvelle piste, marchant de plus en plus vite. Il s'arrête de justesse au bord d'un profond ravin dissimulé par l'ombre et la végétation. 

S'accroupissant, il s'assure que la supposée victime est bien passée par là. Elle n'a sans doute pas vu le ravin et a du faire une mauvaise chute. Avec une aisance naturelle, Danaël entreprend de descendre et se retrouve rapidement au fond. Il n'a que quelques pas à faire pour s'approcher d'une jeune femme inconsciente. Il constate qu'elle a des blessures qui semblent assez graves à plusieurs endroits.  Non loin de sa main se trouve un petit poignard couvert de sang: si ses agresseurs l'ont blessée, elle ne s'est pas laissée faire.

Danaël déchire un morceau de sa cape pour lui confectionner un bandage de fortune. Il parcourt ensuite le ravin des yeux, cherchant un moyen de remonter en portant la blessée: si son poids ne lui pose aucun problème, il aura en revanche du mal à escalader. Il s'éloigne un peu et finit par trouver un endroit praticable. Il la soulève doucement dans ses bras. L'inconnue pousse un gémissement de douleur, le faisant hésiter un instant. Mais sa décision est prise: il ne peut l'abandonner à son sort. Sans se soucier d'être repéré, l'emmène rapidement jusque chez lui.

Commentaires

  1. bon j'adore !
    tu devrais envoyer ton bouquin à un éditeur, ça ferait un bon bouquin pour ado.
    j'ai hâte de lire la suite en espérant que tu termine ce que tu as commencé !^^ parce que c'est fluide, ca se lit tout seul et c'est captivant. Avec quelques photos dans la nature ça ferait un très beau petit roman ou petite nouvelle. De plus, tu es bonne à l'écrit tu devrais tenter.

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