4. D'écran à écran
Installée
confortablement sur mon lit, j’attends avec impatience que Lucian se
reconnecte chez lui. Je ne peux m’empêcher de sourire en pensant à la
soirée que je viens de passer : alors que je craignais de m’ennuyer,
j’ai eu la bonne surprise de rencontrer quelqu’un qui partage mon
intérêt pour le jeu en ligne.
Un
petit « ding ! » m’annonce que Lucian a rejoint la partie et je sens
mon cœur manquer un battement. Probablement l’impatience de continuer à
jouer avec « Loup-Cyan ». Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire lorsque
j’ai découvert son pseudo : il ne s’est clairement pas creusé la
cervelle pour le trouver ! Mais c’est plutôt mignon.
Quelques
heures plus tard, nous avons enchaîné plusieurs quêtes et le niveau de
mon perso a pas mal augmenté. Je suis aux anges : cela faisait longtemps
que je n’avais pas passé un si bon moment. Lucian est un excellent
joueur et partage volontiers ses astuces. A ses côtés, je me sens
presque invincible.
Mince !
Il doit déjà quitter le jeu. C’est vrai qu’Aëlyse se lève toujours très
tôt et probablement que lui aussi. Du coup, je me sens mal : il ne
comptait certainement pas jouer aussi tard et est resté juste pour
m’aider à monter de niveau. « Il va falloir que je quitte ». Je résiste à
l’envie de lui demander de rester un peu plus longtemps, de lui
proposer de jouer encore ensemble à l’occasion.
J’ai
à peine le temps de réaliser ce que je suis en train de faire que mes
doigts ont déjà envoyé le message. « Avec plaisir ! ». Pourquoi ai-je
été écrire ça ? Et si rapidement ? Pourquoi ne me suis-je pas contentée
d’un simple « Ok » ? Je voudrais pouvoir disparaitre ! Je fixe l’écran,
attendant anxieusement sa réponse.
« Plaisir
partagé » ! Je laisse échapper un petit cri de joie : il a apprécié de
passer du temps avec moi ! Je pensais faire encore une quête avant de
dormir mais je n’ai plus le même enthousiasme. C’était tellement
agréable de pouvoir partager ces moments avec quelqu’un que jouer en
solitaire ne me parait plus aussi attrayant. Je quitte le jeu le cœur
léger, sachant que nous nous retrouverons demain.
« ça
y est, elle s’est endormie ». La petite silhouette s’éloigne en
trottant du miroir dans lequel elle observait la jeune femme rousse.
Elle marque un temps d’arrêt devant l’impressionnante porte puis en
pousse le lourd battant : « Maitre ? Elle s’est endormie : ça va bientôt
commencer. »
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