44. Et je marcherai seul

Le Clan est vaincu oui. La vie a repris son cours, aussi. Mais je me réveille encore en sursaut la nuit, entendant les cris et le vacarme des affrontements. Tout cela aurait pu se passer hier. Toute cette violence, le sang, la peur,... 

 
Rowen avait finalement accepté d'intervenir et les habitants d'Outremonde l'avaient suivi dans le combat. Les membres du Clans avaient étés écartés, ouvrant un chemin macabre jusqu'au Sorcier. Rowen et lui s'étaient affrontés durant des heures. Le magicien s'était lancé à corps perdu dans la bataille mais cela n'avait pas été suffisant. Il avait péri, laissait le Sorcier très affaibli mais toujours vivant. 
 

Aëlyse et Elybiss avaient pris le relais. Leurs attaques avaient semblé fonctionner: assez rapidement, le Sorcier s'était effondré. Nous avions tous cru la victoire acquise mais nous avions sous-estimé la folie de notre adversaire.



Rassemblant ses dernières forces, il avait lancé une onde de choc assez puissante pour parvenir à tuer net les personnes se trouvant près de lui. Le monstre! En une fraction de seconde,il avait emporté avec lui les deux êtres qui comptaient le plus à mes yeux. L'amour de ma vie et ma meilleure amie gisaient sur le sol, tel deux poupées brisées.



J'avais vécu la suite des évènement comme entouré de brouillard. J'avais redouté d'avoir à annoncer la terrible nouvelle a Breena mais un Agent m'avait annoncé qu'elle avait perdu la vie lors d'un combat. Étrangement cette nouvelle m'avait apporté un peu de réconfort: elle n'aurait pas à affronter ce vide qui me déchirait de l'intérieur. 



Vergil et Hanaé avaient étés libérés et j'avais pu les rencontrer à l'occasion de l'enterrement. Tous deux étaient complètement anéantis: ils n'auraient jamais l'occasion de pouvoir serrer leurs filles dans leurs bras, de leur dire à quel point ils les aimaient. Après la cérémonie, ils m'avaient demandé de leur parler des jumelles, de leur raconter ce que nous avions vécu ensemble.


Revivre tous ces souvenirs m'avait d'abord fait me sentir encore plus mal. Le vide m'enserrait le cœur comme un étau. Mais, un peu à la fois, j'avais fini par ressentir une espèce de paix, comme le calme après la tempête. Vergil et Hanaé avaient décidé de partir, de venir en aide aux gens qu'ils rencontreraient durant leurs voyages. Je ne les ai jamais revu.

 
Quant à moi je suis resté quelques temps en Outremonde, aidant à rebâtir les maisons, à soigner les blessés. Je travaillais chaque jour jusqu'à ce que l'épuisement me fasse sombrer dans un sommeil sans rêves.  Mais je savais que cela ne durerait pas toute la vie et qu'il faudrait que j'affronte ma peine, que je fasse mon deuil.
 
 
Quand mon aide n'a plus été nécessaire, je suis retourné vivre dans la maison d'Elybiss: j'avais ainsi  l'impression de la retrouver un peu. J'ai erré dans les pièces vides pendant des mois, comme une créature dépourvue de conscience. Finalement je n'ai plus supporté de rester là: ces murs, qui m'apportaient un peu de réconfort, finissaient par rendre ma peine encore plus forte. Alors je suis parti.


Ne craignant pas la mort, je me suis lancé dans l'exploration en m'aventurant plus loin que n'importe quel être vivant. Je parcours les mondes, attendant la fin de mes régénérations et nourrissant l'espoir d'être un jour réuni avec Elybiss.





Commentaires

  1. bon là j'ai pas pleuré mais j'en suis pas loin.
    c'est très beau et émouvant.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire