31. Je n'aurais pas dû

Allister et Aëlyse s'étaient opposés à ce que j'y aille seule. Ils m'avaient répété qu'il était imprudent de sortir si tard, que je devais au moins les laisser m'accompagner mais j'avais refusé. Je m'étais obstinée à vouloir aller seule chez mon éditeur, confiante en mes nouveaux pouvoirs. Après-tout, ce n'était pas très loin et, en bus, j'en avais pour une petite heure...

Mais le rendez-vous a duré plus longtemps que prévu: l'éditeur, emballé par mon texte, m'avait toutefois soumis une foule de modifications pour enrichir le roman. Lorsque je suis sortie, la nuit était déjà tombée et je devais marcher dans les rues désertes pour rejoindre l'arrêt de bus. J'avais décidé de prendre un raccourci par lequel j'étais déjà passée des centaines de fois sans aucun soucis. Mais pas cette fois...

Je n'ai pas eu le temps de le voir venir qu'il était là, en face de moi. Entièrement couvert de noir, des flammes bleues entourant ses mains. J'aurais dû réagir, me déplacer en sécurité à la maison mais je suis restée tétanisée et, quand il a projeté ses flammes vers moi, j'ai cru que ma dernière heure était venue. Mais je me suis retrouvée protégée par Allister qui a encaissé l'impact à ma place avant de s'effondrer.

Le choc de le voir étendu là m'avait forcée à réagir: le tenant dans mes bras, je nous avais téléportés à la maison où j'avais commencé à hurler de façon incohérente, les larmes me brouillant la vue, serrant Allister contre moi. Quand Aëlyse est arrivée, elle a eu fort à faire pour me faire lâcher prise. Après avoir pris son pouls, elle m'a secouée "Il est toujours vivant! Calme-toi! Aide moi à l'installer dans un lit pour qu'il puisse se régénérer en paix".

Je n'avais rien compris, sauf qu'il était toujours en vie et c'était tout ce qui comptait. Nous l'avions péniblement amené dans mon lit: hors de question de le laisser dormir dans le divan où il s'installait habituellement. Aëlyse lui a bandé les yeux, qui avaient étés grièvement brûlés lors de l'attaque. De sa voix la plus douce, elle m'avait expliqué qu'en tant que Seigneur du temps, Allister était capable de se régénérer. Nous sommes donc restées à son chevet, guettant le moindre signe indiquant que son corps commençait à guérir.

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