11 - "Paresse"

Londres, juillet 1892


Cher journal,

Trois mois que nous sommes sans nouvelles de Sir Malcolm. Les fonds commencent à s'amenuiser et toute l'équipe est de plus en plus inquiète. 
Alors que je commençais à trouver une certaine stabilité dans ma vie, je suis gagnée par l'angoisse ambiante...


 Les commandes continuent d'arriver mais elles ne seront pas suffisantes pour couvrir la location de nos locaux. J'ai surpris les photographes en train de discuter d'un "plan de replis" mais quand ils se sont aperçus de ma présence, ils ont tout de suite cessé de parler.


Le vieil entrepôt où nous étions avant à brulé il y a quelques mois, donc ils ne pourront pas se ré-installer là. Mais si nous déménageons, cela risque d'être à nouveau dans des locaux insalubres! Les photographes se sont habitués à avoir un peu plus d'argent disponible. Ils ne renonceront pas à leurs bénéfices pour permettre aux filles de travailler dans de bonnes conditions.


Ils devront bientôt prendre une décision. Et je doute qu'ils nous demandent notre avis. La crainte m'enserre le cœur et me paralyse. Gaston me demande chaque jour de faire un effort, de sourire. Son comportement chaleureux m'aide à poser convenablement. Mais dès que la porte du studio se referme sur mes talons...


C'est comme si mon cerveau était embrumé par une drogue quelconque. Je suis comme incapable de penser et je me laisse porter par le flots des passants pressés qui font leurs courses, se promènent ou rentrent chez eux. Je me perds dans le bruit de leurs conversations.



Ils semblent savoir ce qu'ils attendent de la vie et comment l'obtenir. Je les envie souvent: j'aimerais marcher la tête haute, comme eux. J'avais des objectifs quand je suis arrivée à Londres mais ils me semblent maintenant flous. Irréalisables. Alors je me fonds dans cette vie grouillante d'activité, je me raconte que je suis comme eux.


Mais je ressens parfois leurs chagrins, leurs inquiétudes. Et la vérité m'apparait alors, encore plus douloureuse: toute ma vie dépend d'un homme dont je ne sais pratiquement rien. Un étranger qui a débarqué un jour et décidé de faire de moi... sa muse? son jouet?


Il apparait et disparait sans prévenir. Il nous laisse dans l'angoisse sans prendre la peine de se manifester. J'en arrive presque à le haïr! Pourquoi s'être tant investit si c'est pour nous laisser sans soutien? Est-ce qu'un honnête homme abonnerait tant de personnes qui dépendent de lui?


Il faut que j'en aie le cœur net. Je sais que je devrais me rendre chez lui. Lui demander des explications. Après tout, rien ne garanti qu'il reviendra un jour. Mais s'il comptait revenir? S'il ne nous avait pas laissé tomber? En allant le trouver, il pourrait en prendre ombrage et décider de nous laisser tomber... 

L'angoisse me paralyse...

Commentaires

  1. allez courage nénette. faut y aller et lui poser la question ! ^^

    bon tu sais ce que je vais encore te dire ! que c'est super bien écrit. ^^
    une suite ! une suite !

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  2. Je n'ai rien à ajouter, je suis du même avis que Celynette =)

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